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Face à la désobéissance civile, quelques voix se lèvent pour dire qu’Il existe en Suisse de nombreux moyens légaux qui permettent de faire entendre sa voix. 

La Suisse est une nation démocratique et il est donc vital de pouvoir se reposer sur ce que le législateur a écrit pour poser les règles de savoir vivre dans notre société.

La pierre angulaire pour la création des lois est la constitution et son préambule est en quelque sorte l’ADN, des lois de notre pays.

Juste si vous ne vous souvenez pas par coeur de cette introduction, je me permets de vous le redonner maintenant :

« Au nom de Dieu Tout-Puissant! Le peuple et les cantons suisses, conscients de leur responsabilité envers la Création, résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde, déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité, conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures, sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres »

Aujourd’hui le peuple Suisse compte plus de 700 000 personnes vivant dans des conditions précaires. 

Aujourd’hui avec certitude, les scientifiques nous annoncent que l’avenir de nos enfants n’est pas assuré à cause du réchauffement climatique.

Ces 2 faits suffisent à montrer la contradiction existante entre notre ADN et les lois votées jour après jour qui privilégient les gens et entreprises fortunés au détriment du plus faible et des générations futures.

Aujourd’hui, des vagues d’amertume et de colère, veulent envahir mon coeur quand des personnes disent qu’il existe des moyens légaux pour faire entendre sa voix au lieu de pratiquer la désobéissance civile.

Quand le préambule de la constitution suisse énonce : « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres « .
Je crois qu’il y a clairement une démission des coeurs pour élever notre nation au rang auquel elle devrait appartenir !

Et aussi : « seul est libre qui use de sa liberté ». Aujourd’hui le plus faible n’a clairement plus une voix audible, il est même caché, stigmatisé.

Nous ne voulons plus voir nos pauvres, ils nous font honte. Il faut les cacher.
Nous avons démissionné de la prise en charge du plus faible pour nous concentrer sur les forces vives de la nation pour toutes sortes de bonnes raisons comme être compétitif face à la  mondialisation.

Cependant la fin ne justifie pas les moyens car à quoi cela sert d’être une nation riche si en cours de route je perds mon âme !
J’ai cette responsabilité morale de prendre soin du plus faible et des générations futures sinon à quoi bon !?

Idem pour les futures générations, elles sont sans voix aujourd’hui et c’est bien normal, elles sont trop petites ou pas encore là ! Et justement pour ces raisons nous avons le désir de préparer le tapis rouge pour elle, mais nous avons néanmoins le devoir de leur donner une planète qui sente bon les plantes ! Car à quoi bon un tapis rouge si l’air est irrespirable ?

Peut être que la génération de Greta Thunberg pourra nous ouvrir les yeux sur les méfaits que nous faisons directement ou indirectement au plus faible et aux générations futures.

Il est fini le temps du déni, il est fini le temps de se sentir victime, d’être impuissant, il est venu une nouvelle ère, maintenant agissons avec coeur, avec conscience car il y a urgence.

Dans l’ouvrage : « la désobéissance civile » de Henry David Thoreau – qui inspira entre autres Gandhi et Martin Luter King -, il écrit :

« Il existe des lois injustes : consentirons-nous à leur obéir ? Tenterons-nous de les amender en leur obéissant jusqu’à ce que nous soyons arrivés à nos fins — ou les transgresserons-nous tout de suite?

Je trouve que ce Thoreau pose d’excellentes questions, qui ont encore plus de puissance dans notre contexte d’état d’urgence !

Vais-je répondre à ces questions avec mon coeur ou avec la calculatrice qui se trouve dans ma tête ?!

François Ruffin, journaliste et politicien Français donnant un message aux jeunes disait :

« Vous n’êtes pas comptables d’un monde qui meurt, vous êtes des prophètes d’un monde qui vient ».

En général, les hommes, sous un gouvernement comme le nôtre, croient de leur devoir d’attendre que la majorité se soit rendue à leurs raisons. Ils croient que s’ils résistaient, le remède serait pire que le mal.*

Thoreau ajoutait encore : « Quant à recourir aux moyens que l’État a prévus pour remédier au mal, ces moyens-là, je n’en veux rien savoir. Ils prennent trop de temps et la vie d’un homme n’y suffirait pas. J’ai autre chose à faire. »

C’est vrai qu’il est tard. L’horloge du destin tourne. Nous devons agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.**

Le système suisse, qui repose sur le principe de regarder avec sympathie de tous les côtés, est tellement déterminé à voir de tous les côtés qu’il ne parvient pas à s’engager de part et d’autre.

C’est un système tellement objectivement analytique qu’il n’est pas subjectivement engagé. C’est une culture politique qui n’est ni chaude ni froide, mais tiède. 

Nous appelons à une démocratie qui veuille adhérer à l’idéal de la justice sociale, fiscale, environnemental et ne soit pas dissuadée par la propagande et les paroles subtiles de ceux qui disent: « Ralentissez un peu, vous voulez aller trop vite ! »

Lorsque les pères (et mères) fondateurs de la Suisse ont rêvé son ADN et qu’ils ont écrit notre constitution, c’est comme s’ils signaient un billet à ordre, un chèque dont chaque Suisse devait hériter mais également les générations futures.

Ce billet à ordre constituerait un guide pour les droits à la vie, à la liberté et la poursuite du bonheur. Il est aujourd’hui évident que la Suisse commet un défaut de paiement de ce chèque et elle court à grands pas vers la banqueroute des futures générations. Au lieu d’honorer ce lien sacré, la Suisse a donné un « mauvais chèque » aux 700 000 citoyens les plus faibles et celui-ci est revenu avec la mention : « Sans provision ».

Mais nous refusons de croire que la banque de la justice est en banqueroute. Nous refusons de croire qu’il y a une insuffisance de fonds dans notre pays tellement créatif et rempli de ressources !

Nous sommes donc dans la rue pour encaisser ce chèque – un chèque qui nous donnera sur demande les richesses de la liberté, de la sécurité, de la justice sociale, fiscale et environnementale. Nous sommes dans la rue pour rappeler à la Suisse notre avenir. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de se calmer ou de prendre la drogue calmante du gradualisme.

Il est maintenant temps de sortir de la sombre vallée de l’injustice sur la voie ensoleillée de la justice sociale, fiscale et environnementale. Le moment est venu d’ouvrir les portes aux plus faibles, aux sans voix, aux futures générations. Le moment est venu de sortir notre pays des sables mouvants de l’injustice au profit de la fraternité.

Il serait fatal pour la nation de passer à côté de l’urgence du moment et de sous-estimer notre détermination. Cette saison de notre mécontentement légitime ne passera pas tant qu’il n’y aura pas un printemps vivifiant de liberté et d’égalité. Deux mille dix neuf n’est pas une fin, mais un début ! ***

Citations :

* Henry David Thoreau

** Martin Luther King

*** Passage inspiré d’un discours de Martin Luther King

 

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