Le système économique libéral ou sinon le chaos ?!

Les médias présentent bien souvent cette question fermée pour dire qu’il n’y a pas de plan B au capitalisme actuel ! C’est vrai que le communisme a montré ces limites lors du siècle précédant alors que faire !?
Supprimer, l’état, le capitalisme ?! Il serait comme toujours dommage de jeter le bébé et l’eau du bain !
Mais alors que faire ?!

 

Un ancien théoricien politique aujourd’hui d’actualité !

 

 

 

 

 

Il s’appelle Pierre Joseph Proudhon.
Pierre Joseph Proudhon naît le 15 janvier 1809 à Besançon d’une famille très modeste : son père est tonnelier et sa mère cuisinière. Tout petit, il est bouvier dans la campagne franc-comtoise. Il est néanmoins admis à 10 ans comme boursier au collège royal de Besançon. Mêlé à des jeunes gens plus fortunés, Proudhon prend conscience d’appartenir à un autre monde qu’eux. Il remporte néanmoins tous les prix d’excellence.
En 1826, en raison de la pauvreté, il est contraint d’abandonner ses études alors qu’il est en classe de rhétorique et donc avant de passer son baccalauréat (il l’obtiendra avec succès en 1838, à l’âge de 29 ans). Il devient alors typographe dans une imprimerie puis correcteur et fonde même sa propre imprimerie en 1836. Cela lui permet de lire de nombreux ouvrages (notamment le Nouveau monde industriel et sociétaire de Fourier mais aussi la Bible).
Ayant obtenu une bourse de l’Académie de Besançon, il reprend ses études en 1838, juste après avoir obtenu le bac. Il se rend alors à Paris mais renonce rapidement à conquérir des diplômes.
En 1840, il rédige un premier mémoire, Qu’est-ce que la propriété ? qui débute par cette phrase restée célèbre : « La propriété, c’est le vol ». Si les milieux populaires le considèrent comme un héros, en revanche les autorités le considèrent comme dangereux et songent même un moment à le poursuivre. En 1842, son livre Un avertissement aux propriétaires est saisi et Proudhon se retrouve devant les tribunaux. Il est néanmoins acquitté.
À partir de 1843, ayant dû revendre son imprimerie, il est commis dans une entreprise de navigation fluviale à Lyon. Il fréquente, durant de nombreux séjours à Paris, les milieux progressistes et devient en 1845 l’ami de Marx et de Bakounine (sur lequel il va avoir une influence décisive). Mais la publication de la Philosophie de la misère en 1846 le brouille avec Marx qui réplique en publiant en 1847 Misère de la philosophie.
Installé à Paris en 1848, Proudhon fonde le journal Le peuple et s’engage dans la Révolution. Le 4 juin 1848, il est élu aux élections complémentaires de l’Assemblée Nationale. Il va alors militer pour la liquidation de l’ancienne société. En 1849 il essaie, en vain, d’organiser une banque du peuple proposant un crédit gratuit.
À la suite de trois violents articles contre le prince-président, Louis Napoléon Bonaparte, il est condamné à trois ans de prison. Il se réfugie en Belgique mais revient à Paris en mars et est arrêté. Il reste en prison jusqu’en juin 1852. Il en profite pour écrire trois livres : Confessions d’un révolutionnaire pour servir à l’histoire de la révolution de février, Idée générale de la révolution au XIX° siècle et La philosophie du progrès. Il épouse en décembre 1849 une ouvrière passementière, Euphrasie Piégard. Quatre filles naîtront de ce mariage.
En 1854, Proudhon et sa famille sont atteints du choléra. Sa seconde fille, Marcelle, en meurt. Il rédige De la justice dans la Révolution et dans l’Église, publié en avril 1858. Le livre est saisi et Proudhon est à nouveau condamné à trois ans de prison. Il fait appel et se réfugie en juillet à Bruxelles où sa famille le rejoint en décembre. En 1860, Proudhon envoie au conseil d’État de Vaud, en réponse à une question mise au concours, une Théorie de l’impôt et obtient le premier prix. Malgré une remise de sa peine prononcée par Napoléon III en décembre 1860, Proudhon reste en Belgique. En 1861 est publié La guerre et la paix, recherches sur le principe et la constitution du droit des gens. À la suite d’un article mal compris, Proudhon est contraint de quitter Bruxelles et de rentrer à Paris en septembre 1862.
En 1863 paraît Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la Révolution. Sa santé décline. Il meurt le 19 janvier 1865, épuisé par un immense labeur. De la capacité politique des classes ouvrières sera publié un an plus tard.

 

Son apport conceptuel : le fédéralisme

Dénoncer les injustices et abus inhérents à la propriété privée n’a rien d’original. Pourtant la critique de la propriété en tant qu’institution à laquelle se livre Proudhon fit scandale. « La propriété, c’est le vol » écrit Proudhon. Dans une entreprise, parce qu’ils travaillent collectivement, les ouvriers produisent plus que s’ils travaillaient chacun individuellement. Il n’est pas vrai en effet qu’un individu puisse faire en dix heures le même travail que dix individus en une heure. La force collective dans le travail social produit bien plus que la force individuelle. Cent hommes peuvent déplacer une pierre de plusieurs tonnes que jamais un individu seul ne pourra faire bouger même en cent fois plus de temps. Pourtant le capitaliste rétribue chacun de ses ouvriers individuellement et donc « vole » ce surplus de valeur. La propriété privée est l’appropriation par un individu d’un travail en commun et est donc un vol.
La propriété crée l’inégalité et interdit à l’ouvrier la sécurité de posséder. Elle met en péril la cohésion sociale car, alors que les capitalistes accumulent les profits, les ouvriers s’appauvrissent de plus en plus. Dépossédés des richesses qu’ils ont eux-mêmes produits, les ouvriers cherchent à les récupérer par la violence et les capitalistes utilisent la force… pour empêcher d’agir les voleurs ! Car tel est le paradoxe : alors que la propriété résulte d’un vol, elle prétend s’opposer à lui.
Cependant la propriété est en même temps la liberté au sens où elle est un rempart contre l’État. C’est en ce sens, du reste, que Proudhon s’oppose à Marx. L’appropriation collective des moyens de production préconisée par Marx ne résout rien aux yeux de Proudhon. Elle ne fait que transférer la propriété à l’État mais, en changeant de mains, la propriété ne change pas pour autant de nature. Le pire mal est d’être livré à l’État propriétaire. Proudhon accuse les communistes de vouloir la dictature en s’appropriant les consciences et les facultés des individus. De plus, si l’État est le propriétaire des moyens de production, les individus ne sont plus encouragés à travailler parce qu’ils sont à l’abri du besoin et de la concurrence.
Capitalisme et communisme sont donc renvoyés dos à dos.
Proudhon critique l’État et est, en cela, un anarchiste. Il faut prendre le mot « anarchie », non pas au sens courant de désordre (Proudhon n’est aucunement un partisan du désordre) mais au sens étymologique. Étymologiquement parlant, l’anarchisme est le refus du pouvoir et l’anarchie un système politique sans autorité ou gouvernement. Proudhon refuse tout gouvernement, tout État, ainsi d’ailleurs que le suffrage universel. Les gouvernements sont responsables du désordre et, à ses yeux, seule une société sans gouvernement serait capable de restaurer un ordre naturel et une harmonie sociale.
Mais si l’anarchie n’est pas le désordre, de quel ordre s’agit-il ? Il existe, pour Proudhon, une troisième voie possible, ni capitaliste (où seuls quelques-uns uns sont propriétaires), ni communiste (où personne ne possède). Cette troisième voie, Proudhon l’appelle mutuellisme. Elle signifie que tout le monde possède. Ainsi les travailleurs possèderaient (et la possession n’est justement pas la propriété) eux-mêmes les terres ou les machines nécessaires au travail. C’est l’idée de la coopérative ouvrière où les associés possèdent le capital de façon indivise et en assurent collectivement la gestion (on emploie aujourd’hui le terme d’autogestion). Les profits sont alors équitablement répartis entre tous. Entre ces coopératives doivent régner des rapports libres qui conduisent à la théorie du fédéralisme. Une fédération est une convention par laquelle un ou plusieurs chefs de famille, une ou plusieurs communes, un ou plusieurs groupes de communes ou États s’obligent réciproquement et également les uns envers les autres pour un ou plusieurs objets particuliers. Le fédéralisme est contraire au centralisme. Le pouvoir n’est pas condensé en un centre unique mais les groupes associés gardent leur autonomie dans un rapport égalitaire. À la relation de pouvoir qui suppose des dominés et des dominants, Proudhon veut substituer une relation d’échanges réciproques librement consentis qu’il appelle justice.
Proudhon appelle de ses vœux une révolution prolétarienne qui dépossèderait de façon « brusque et sans indemnité » la classe capitaliste.
Ainsi, organiser la société ce n’est pas chercher la synthèse des contraires mais au contraire créer des équilibres dans l’échange.
Ajoutons que pour Proudhon, c’est dans le travail que l’homme inscrit la marque de sa liberté dans le monde et devient proprement humain.

 

Ses citations

« Je prétends que ni le travail, ni l’occupation, ni la loi ne peuvent créer la propriété ; qu’elle est un effet sans cause : suis-je répréhensible ? Que de murmures s’élèvent !
– La propriété, c’est le vol ! voici le tocsin de 93 ! Voici le branle-bas des révolutions ! … »

Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Qu’est-ce que la propriété ? – 1840

« La politique est la science de la liberté. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Qu’est-ce que la propriété ? – 1840

« Le gouvernement de l’homme par l’homme, sous quelque nom qu’il se déguise, est oppression. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Qu’est-ce que la propriété ? – 1840

« La propriété et la royauté sont en démolition dès le commencement du monde ; comme l’homme cherche la justice dans l’égalité, la société cherche l’ordre dans l’anarchie. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Qu’est-ce que la propriété ? – 1840

« Le salaire du travailleur ne dépasse guère sa consommation courante et ne lui assure pas le salaire du lendemain; tandis que le capitalisme trouve dans l’instrument produit par le travailleur un gage d’indépendance et de sécurité pour l’avenir. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Qu’est-ce que la propriété ? – 1840

« La plus haute perfection de la société se trouve dans l’union de l’ordre et de l’anarchie. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Qu’est-ce que la propriété ? – 1840

« L’homme a beau étendre le cercle de ses idées, sa lumière n’est toujours qu’une étincelle promenée dans la nuit immense qui l’enveloppe. »
Pierre Joseph Proudhon – 1809-1865 – Mélanges

« Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent. »
Pierre Joseph Proudhon – 1809-1865 – Confession d’un révolutionnaire

« La république est une anarchie positive. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865 – Solution du problème social

« L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865

« Concurrence et profit : l’un est la guerre, l’autre le butin. »
Pierre-Joseph Proudhon – 1809-1865

Article tiré de http://sos.philosophie.free.fr/proudhon.php#section3

et également : http://www.toupie.org

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