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Réveillon 2030. 

Cette année, en plus de ma famille, j’accueille deux invités particuliers. Il y a d’abord Valeria, une italienne vivant ici depuis que sa ville natale a été inondée il y a deux ans, puis Jerry, un australien tout juste arrivé en Suisse. Il nous raconte : « Il a fait 50°C pendant près de trois mois. Avec la chaleur et l’épuisement des provisions, les gens sont devenus fous ! Vous n’imaginez pas de quoi est capable l’être humain lorsqu’il est affamé ». Nous faisons une minute de silence, pour sa femme et son fils qui n’ont pas survécu aux émeutes. 

Mon père arrive de la cuisine avec quelques Mojitos. Les citrons et la menthe ont été remplacés par des oranges du jardin et de la cannelle, pour faire un peu Noël. Pendant que nous trinquons, mon frère regrette le manque de neige, que sa fille ne connaît pas. À son mari d’ajouter : « Par contre ce que je ne regrette pas, c’est les cadeaux. Mais qu’est-ce que nous galérions chaque année ! ». Nous rions. Mais cela n’a pas été facile, il a fallu apprendre à offrir autrement et à vivre avec ce dont on a besoin. 

En ce jour de Noël, j’ai envie d’avoir de l’espoir et de la reconnaissance. Je pense à notre communauté, à l’intelligence collective, à ce que la terre nous offre, à ce que la technologie nous apporte, et à l’aide d’urgence mise en place. Et, comme pour contrebalancer ce que disais Jerry avant, je dis « Les humains sont aussi capables de belles choses ».

Je regarde le thermomètre, 27°C. Puis je regarde cette jolie tablée. Et je me dis que, tout comme le cocktail revisité, Noël a cette année un goût sucré-amer.

Anaëlle

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