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J’ai fréquenté de façon assidue pendant plus de 3 décennies, bibliothèques et librairies avant de tomber amoureux d’Amazon ! J’ai profité de la possibilité extraordinaire de commander un livre en un click et de pouvoir commencer à le lire une dizaine de secondes plus tard, grâce au service Kindle (livres au format électronique). J’ai également bien profité des supers prix affichés !
Je peux vraiment le dire, je suis devenu avec les années un vrai fan d’Amazon.

Maintenant des voix s’élèvent dans le monde contre la multinationale, mais faut-il pour autant arrêter de commander via leur plateforme, c’est si pratique et confortable, non !?

Dans mon cheminement personnel, ces derniers mois j’ai entendu ces rumeurs. Mais je ne voulais pas forcément les entendre, car je trouvais Amazon très pratique. Je balayais donc ces pensées comme on fait défiler les photos avec l’index sur une tablette. Et voilà les remarques négatives sur Amazon étaient balayées de mes pensées ! Vous connaissez peut être cela !?

Puis au bout d’un certain temps, ces avis étaient de plus en plus nombreux et c’était comme si on utilisait un porte-voix pour parler à l’intérieur de mon crâne. Après un certain temps je ne pouvais juste plus les balayer avec mon index, ma conscience me commandait d’agir !
Alors la semaine dernière je me suis dit STOP, je ne veux plus collaborer au succès d’Amazon, en mon for intérieur j’étais convaincu que je ne voulais plus être complice des injustices qu’elle crée.

J’ai pu mettre en pratique ma nouvelle résolution en achetant un livre. Après quelques essais infructueux sur internet, je me retrouve dans une vraie librairie et demande à une « vraie » libraire si elle a mon ouvrage. Ne l’ayant pas en stock, elle me propose de le commander et de le retirer au magasin dans 48 heures. Après cela, j’explique à la libraire ma démarche de divorce avec Amazon et nous nous lançons dans une belle discussion qui me rappelle celles que j’avais il y a dix ans avec mon ancien libraire. En arrière plan, j’entends les bruits de conversations des clients attablés au café de la librairie, c’est tellement convivial, la vie est là !!! 

Après cinq jours je ne suis pas encore allé chercher le livre, j’espère le faire prochainement, mais finalement je ne suis pas pressé ! C’est rigolo car une des raisons principales pour laquelle j’étais séduit par Amazon, était la rapidité avec laquelle je pouvais obtenir mon livre. Et je me rends compte que cela a aujourd’hui beaucoup moins d’importance, je suis moins impatient sur ce point et je désapprends à vivre « le tout, tout de suite » !

Et vous, avez-vous une opinion sur cette entreprise ? Achetez-vous des produits par le biais d’Amazon ?
Face à cette question, il y a une remarque préliminaire que je dois vous faire : je suis persuadé qu’il est important de respecter les choix et avis de chacun car nous vivons tous des réalités différentes et sommes tous uniques, alors s’il vous plait n’imaginez pas que je suis en train de brandir un doigt accusateur vers vous 😉

Si cela peux vous aider à vous forger un avis, voici quelques éléments à connaître sur l’entreprise et ses pratiques :

  • aux USA, les accidents du travail sérieux en 2018 chez Amazon, représentaient 10% du personnel contre 4% en moyenne dans les entreprises ayant la même activité,

  • la politique du groupe contraint ses salariés à accélérer leur rythme de travail s’ils ne veulent pas perdre leur emploi, avec « certains anciens employés qui confient avoir dû enfreindre des règles de sécurité pour maintenir la cadence, notamment en soulevant des objets lourds sans prendre les précautions d’usage. » Avec les fêtes de Noël qui approchent, une corrélation peut être faite entre les pics d’achat qui augmentent l’activité des entrepôts et la multiplication des accidents de travail.

J’aimerais également vous soumettre un témoignage qui m’a profondément touché hier !
Hélène Burgat, Maire de Mondeville, petite ville en Normandie (France) la semaine dernière a fait quelque chose de fou ! Elle a osé dire non à Amazon pour l’implantation d’un entrepôt Amazon sur sa commune. Voici un extrait de sa réponse sur les raisons qui l’ont poussée à s’opposer :

« La création d’entreprise ne doit pas se faire au détriment de l’intérêt commun. L’impact social, économique et environnemental d’AMAZON, géant du numérique a été mis en lumière par de nombreux rapports :
En termes d’emploi : ils révèlent que pour un emploi créé par Amazon, plus de 2 seraient détruits dans le commerce physique traditionnel. À Mondeville, la promesse est de 150 emplois nets créés : combien de centaines seraient détruits sur le territoire ?
En termes d’impôt, premier levier de la solidarité : L’essentiel du chiffre d’affaires d’Amazon réalisé en France serait dissimulé. Ses bénéfices seraient très largement sous-estimés, grâce à un système d’optimisation /évasion fiscale via le Luxembourg. En échappant à l’impôt, non seulement AMAZON ne prend pas sa part de la solidarité, mais elle pratique également une concurrence déloyale qui pèse sur tout le secteur de la vente en ligne et sur le commerce physique ;
En termes de conditions de travail : les conditions de travail et des techniques managériales imposées à une main d’oeuvre précaire peu qualifiée seraient particulièrement pénibles;
En termes d’impact environnemental : le volume des achats (15 milliards par an), le stockage numérique de ses données, le développement de la livraison ultra-rapide impactent fortement l’environnement. Une bataille fondamentale se joue entre les Etats et les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), pour protéger les droits des consommateurs européens, obliger ces entreprises à s’acquitter de l’impôt à la hauteur de leurs bénéfices réels, réguler et encadrer le secteur de la vente en ligne. Cette bataille, les consommateurs par leur choix peuvent y contribuer. Les collectivités locales ont aussi un rôle — modeste mais déterminant — à jouer. Si juridiquement, nous n’avons que peu de marges de manoeuvre, nous devons envoyer un signal fort à AMAZON pour qu’il sache qu’ici à Mondeville, son modèle économique et plus largement, son modèle de société, ne sont pas les bienvenus. Voilà pourquoi aujourd’hui, avec le soutien du Président de Caen la maire Joël Bruneau, je le dis avec détermination : AMAZON à Mondeville, c’est non! » 

Le chant des sirènes n’y a rien fait, les promesses de revenus et d’emplois pour la commune n’ont pas corrompu l’éthique de cette femme. Le chant de l’argent et son envoutement ne fonctionnent plus !

Ceci étend écrit, je pense qu’une autre question peut permettre de savoir s’il est opportun ou pas d’être client chez eux : « Est-ce que cela me donnerait de la joie de travailler dans un emploi à la logistique chez Amazon ou dans une boutique traditionnelle ? »

Note de lecture :

Comme je le précise régulièrement, cet article n’a pas pour objectif de jouer au moralisateur et de vous faire culpabiliser. Si c’est le cas je vous prie de m’excuser par avance. La culpabilité asservit ; mon rêve est à l’opposé : que nous soyons libres !
De la même manière, cet article n’a pas la prétention de vouloir vous faire quitter Amazon si vous êtes un grand fan comme je l’ai été. Nous vivons tous des saisons différentes, les prises de conscience se font à des vitesses différentes, les contraintes personnelles sont aussi diversifiées.
Cet article est là pour vous raconter l’histoire d’un ancien accro d’Amazon qui est en phase de sevrage ; comme j’aime à le dire, je suis en transition !
Et si en plus de vous avoir divertie, mon histoire peut vous encourager, vous faire réfléchir sur le sujet des GAFAM, vous permettre d’être en phase avec vos valeurs et que vous ne soyez pas en conflit intérieur, alors je suis le plus heureux des hommes !

 

Si cet article vous fait réfléchir ou vous encourage à passer à l’action, n’hésitez pas à me soutenir sur mon compte tipeee.

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