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Telles les heures qui précèdent un accouchement avec ses contractions qui sont de plus en plus puissantes et rapprochées, la société souffre les douleurs de l’enfantement.

Et même si la mort rode encore au gré des rencontres, la vie n’a jamais été aussi présente, nous vivons une belle histoire car le dénouement est heureux !

La planète terre n’a jamais été aussi heureuse de la situation actuelle, elle respire mieux ! Nous avons par exemple la chaine de l’Himalaya qui est maintenant visible à 200 kilomètres alors que ces trente dernières années c’était impossible à cause de la pollution. Les photos satellites depuis deux semaines montrent que le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère créé par les émissions de la circulation et des combustions fossiles baissent drastiquement.

Certains dogmes de l’économie néo-libérale, qui il y a encore un mois étaient comme intouchables sous peine d’être traité d’hérétique aujourd’hui sont remis en question avec entre autres une large utilisation de la planche à billet : 2300 milliards aux Etats-unis. 500 milliards en Europe…. Partout les tenants de la rigueur budgétaire commencent enfin à ouvrir les yeux et ouvrent les vannes pour essayer de porter une économie à bout de souffle. Les états qui « devaient » dégraisser leurs effectifs pour cause de budgets à équilibrer, voient maintenant les vertus d’avoir des lits d’hôpitaux !

Sur le plan humain, à côté de la souffrance créée par ceux qui nous quittent ou qui luttent contre la mort, les témoignages sont encourageants.
J’entends de nombreuses personnes qui ont de la joie de pouvoir être en famille, pouvoir se retrouver, ne plus courir partout, pouvoir enfin souffler. Elles apprécient le fait de gouter à un rythme plus en adéquation avec celui de la vie.

Toutes ces personnes qui désirent sortir à l’extérieur et qui ne peuvent pas, se rendent compte du côté précieux de l’air pur et de la nature pour se relaxer. Les habitants des grandes villes commencent à prendre conscience que les mégapoles ne leurs sont pas adaptées car il y a une incompatibilité physique, biologique et psychologique !

Dans tous les esprits nous savons inconsciemment que le après ne sera pas comme le avant…et c’est une bonne nouvelle ! Quoi me diriez vous, c’est une plaisanterie ?! Nous vivons une paralysie de l’économie qui est digne de la grande crise de 1929 et cela devrait être une bonne nouvelle ?!
Des pans entiers de l’économie se sont écroulés ces dernières semaines, combien vont perdre leurs emplois ? Qui va les pleurer !? Moi, je veux être le premier à souffrir avec eux, c’est vraiment tragique. j’ai beaucoup de compassion et de tristesse pour tous ces ouvriers, travailleurs ubérisés qui sont payés à la journée ou à la tâche et qui n’ont plus de revenus. Je sais ce que cela représente à titre personnel que de vivre « l’effondrement ». Il y a 5 ans, mon niveau de vie a progressivement baissé et maintenant a été divisé par 2.5 mais il reste néanmoins cinquante fois plus grand que celui d’un bon tiers de l’humanité !
Cette baisse du niveau de vie a été pour moi comme une cure de désintoxication où ont été traités mes addictions à la société de consommation, mon désir d’avoir tout tout de suite, au besoin de confort à tout prix, à la peur. Ce processus n’a pas été facile je vous l’accorde et n’est pas encore fini mais aujourd’hui je peux déjà gouter au bonheur inestimable à pouvoir travailler dans le jardin que je partage avec quelques amis pour cultiver nos propres légumes. Je suis rempli d’une joie transcendante à pouvoir rencontrer les réseaux qui développent des monnaies alternatives, des SEL (Systèmes d’échanges Locaux). Je retrouve le vrai sens de l’économie quand je rencontre des producteurs locaux…

Nos situations personnelles ne doivent cependant pas faire oublier l’essentiel, l’anthropocène* est à un stade avancé et la survie de la race humaine se joue dans notre décennie.
Ce temps de confinement pourrait-il être utilisé pour reconsidérer notre vision du monde ? Car finalement le confinement est physique mais il n’est pas intellectuel ! Nous avons du temps pour réfléchir sur ce qui est essentiel et superflu, sur les priorités que nous désirons dans notre vie.
Est-il opportun d’opérer un changement professionnel ? Est-ce le temps de fouiller dans nos souvenirs d’enfance pour retrouver les graines de rêves qui avaient été semées ? Faut il discuter avec les personnes qui nous connaissent bien et nous apprécient pour leur demander ce qu’ils pensent de nos styles de vie ? A méditer….

Je pense que dans dix ans lorsque nous aurons pu prendre un peu de recul et que chacun aura commencé sa « cure de désintoxication », nous nous rendrons compte que ce virus n’est finalement que le symptôme d’une société malade et alors nous pourrons dire merci.

Mais déjà aujourd’hui je voudrais dire MERCI à certaines personnes car cette situation est loin d’être idyllique pour tous et met en lumière encore une fois le fait que nous ne sommes pas tous égaux face à la crise sanitaire. Combien doivent encore travailler malgré les risques sanitaires ? Que de merci pour tous ces inconnus non reconnus, qui portent la société et qui sont plus indispensables que nous pouvions imaginer. Il y a trois mois encore ils étaient ignorés voir méprisés par certaines classes sociales et aujourd’hui ils sont applaudis. Combien s’entassent dans des logements minuscules alors que selon les estimations, 11 à 17% des parisiens sont partis de Paris à la veille du confinement en France à la campagne ou vers leurs maisons secondaires ?

Dans les romans policiers, il y a toujours des moments clefs qui influencent radicalement la fin de l’histoire, dans l’histoire de l’humanité c’est la même chose. Certains évènements ont une influence majeure pour les générations voir millénaires suivants. Aujourd’hui nous sommes dans un tel instant ; le ressentez-vous !?
Le vivant se serre les coudes et nous avons une prise de conscience croissante de l’unité du monde, de l’interdépendance de la vie.

Vous l’aurez également remarqué, dans ce beau spectacle, il reste une dissonance que nous pouvons ressentir chez certains états, entreprises, collectivités et personnes qui ne sont pas encore à ce niveau de conscience et qui trichent, mentent, magouillent pour essayer de tirer leur épingle du jeu par peur ou avarice.
Prions pour qu’ils ouvrent les yeux et qu’ils prennent également conscience que nous sommes une même famille dans le même bateau.

Mais comme je l’écris depuis des mois et également Pablo Servigne le célèbre collapsologue, dans les temps d’effondrements les solidarités prennent formes face aux dangers.

Nos décisions d’aujourd’hui donneront un relief particulier dans les livres d’histoires que liront nos petits-enfants. Soyons digne de l’héritage qui nous a été confié et aidons les personnes faibles qui nous entourent.
Changeons radicalement nos styles de vie pour que ce virus puisse amener de la beauté pour les yeux, de la chaleur pour les coeurs, de la nourriture pour nos ventres et du bon vin pour nos papilles.

Tu vois je te l’avais dit, le monde d’après se prépare maintenant et il sera fraternel et solidaire !

*Définition : l’anthropocène
C’est une époque de l’histoire de la Terre qui a été proposée pour caractériser l’ensemble des événements géologiques qui se sont produits depuis que les activités humaines ont une incidence globale significative sur l’écosystème terrestre.
Source wiki

 

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