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Depuis l’année dernière j’ai commencé à prendre du temps pour étudier les discours de Martin Luther king et sa vie. Ses recherches m’ont amené à créer une rubrique sur le site internet Raising stars.

Dans le désir d’aller plus avant dans l’étude de qui est cet homme et du pourquoi de son action, j’ai poursuivi l’investigation en allant chercher les racines de ses actions, de ses idées, de sa foi. Ce voyage initiatique m’a amené à faire la connaissance d’un homme ordinaire avec une destinée extraordinaire.

J’ai commencé par lire un excellent livre sur la vie de Martin. Une biographie de Sylvie Laurent, (1)

Ce livre fleuve (plus de 400 pages), plus académique que grand public est néanmoins incroyable car il rentre vraiment dans l’intimité de ce héros ; Sylvie Laurent a vraiment réussi à décrypter ce qui se passe en lui tout au long de sa vie.

Nous pouvons y lire comment depuis tout jeune il a été bercé dans la culture du « social gospel » par son père qui était pasteur et que très vite à son adolescence, il a ressenti le besoin de s’éloigner de la sphère familiale pour apprendre à avoir sa relation personnelle avec Dieu. Il fut profondément touché par le racisme autour de lui et à plusieurs reprises directement à son encontre. Cela fut source de souffrances, de questionnements, de doutes sur Dieu, d’une quête sur son identité. Très jeune il a développé, une incroyable proximité avec les gens de toutes conditions, car il était quelqu’un qui aimait profondément les hommes.

Il était aussi convaincu (comme l’a été Gandhi au même âge) que la violence avait sa raison d’être pour lutter contre les injustices. Sa pensée a ensuite évolué en lisant l’auteur Thoreau
où il s’est rendu compte qu’il existait une arme plus puissante que la violence : la désobéissance civile.
Son basculement dans le caractère non violent de sa lutte fut profondément marqué par Gandhi (voir lien) et la Satyagraha (2)

Les écrits de Karl Marx et ses contacts personnels avec des marxistes l’ont aussi aidé à mieux comprendre les limites du capitalisme et les voies envisageables pour sortir de celui-ci. Cela lui a été d’ailleurs régulièrement reproché car à l’époque de la guerre froide, l’étiquette communiste n’était pas très bien vue politiquement.

Comment un homme a pu supporter et survivre ce par quoi Martin est passé ?
Il recevait tous les jours des dizaines de menaces de mort. Sa maison fut détruite à cause d’une bombe et sa famille survécut. Quatre autres fois les explosifs n’ont pas fonctionné. Il reçut un coup de couteau dans le cou qui, selon les médecins l’aurait tué, s’il avait éternué lors de son transfert à l’hôpital, tellement la lame était proche de l’aorte. Il a été de nombreuses fois roué de coups sans riposter. Il a été arrêté et mis en prison une vingtaine de fois dans des conditions dégradantes, humiliantes et parfois inhumaines. Paradoxalement la prison était un lieu où il pouvait réfléchir, prier et écrire certains de ses plus beaux discours!

En 1956, il a eu une expérience spirituelle très forte dont il ne parlera qu’un an après. Il était dans sa cuisine désespéré juste après un énième appel téléphonique anonyme, d’une personne menaçant de le tuer s’il n’arrêtait pas son activisme et il reçu des encouragements divins.(3)

Nous connaissons beaucoup Martin pour son combat pour les droits civiques des noirs Américains et c’est souvent ce que l’histoire voudrait nous faire retenir. C’est vrai que sa rencontre avec Rosa Park (La femme qui refusa de laisser sa place à un homme blanc dans un bus le 1er décembre 1955) eu une influence particulière sur le déroulement de sa vie mais son coeur voyait plus grand !

Il fut profondément touché par Walter Rauschenbusch et son livre : « La chrétienté et la crise sociale ». (4)

Son livre qui fut publié en 1907, et que je viens de lire m’a déconcerté à plusieurs degrés.

Tout d’abord, je le trouve d’une cruelle actualité pour notre année 2020. Il a en effet posé un diagnostic très réaliste sur le capitalisme et sur sa façon qu’il a de mettre au second plan les êtres humains et finalement de détruire la vie.

Et deuxièmement son ouvrage donne un éclairage inédit sur la Bible (tout au moins pour moi !). Nous pouvons à travers son étude historique comprendre comment petit à petit l’ADN originel à été transformé, perdu, parfois sciemment caché pour arriver aujourd’hui à un texte qui est perçu pour beaucoup comme d’une autre époque, décalé de notre réalité d’aujourd’hui, de nos problèmes quotidiens.

Son livre fut comme précurseur pour tout un mouvement qui s’appelle : « l’évangile social » 

« Ce mouvement est engagé à lutter contre les problèmes sociaux comme la pauvreté, les inégalités économiques et les tensions raciales »

Source wiki

Le désir de Martin n’était donc pas juste de lutter pour les droits civiques de la population noire mais il avait vraiment une dimension universelle dans son message, pour que tous les peuples puissent accéder à une plus grande justice en ayant une meilleur répartition des richesses et une plus grande égalité économique, sociale et bien sûr aussi dans le domaine de l’éducation.

Après son appel vibrant « I have a dream » devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., durant la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté, devant plus de 250 000 personnes à Washington en 1963, il fait une déclaration pour entrer en guerre contre la pauvreté et il consacra les dernières années de sa vie à la lutte contre la pauvreté.

Cette opposition face au capitalisme lui a été fatale : le 4 avril 1968, Martin est assassiné. La veille au soir au Mason Temple il fait le discours prophétique « I have Been to the Mountain top » (« J’ai été au sommet de la montagne ») devant une foule euphorique où il parle de sa fin qui est proche (5)

Ce voyage avec Martin m’inspire beaucoup et je crois que ce n’est qu’un début ! Cet homme me touche beaucoup car je crois personnellement que son histoire est aussi notre histoire, ton histoire. Nous sommes des hommes et femmes ordinaires avec des destinées non moins extraordinaires !!!

Il était fragile, rempli de doutes, pendant longtemps mal dans sa peau car ne sachant pas qui il était vraiment. Il avait une destinée trop large pour ses épaules et pourtant son courage, son amour de l’humanité et sa relation avec Dieu lui ont permis d’avancer !

Dans ce voyage, il n’était pas seul. Au delà de Thoreau, Gandhi, Christ, Rauschenbusch, une génération d’hommes et de femmes l’ont précédé et ont préparé le terrain pour cette marche vers l’égalité et la liberté. De son vivant, il n’était pas un vieux loup solitaire, bien au contraire il a toujours été accompagné d’une famille qui l’aimait, de figures lui montrant le chemin, de conseillers loyaux, d’amis proches pour le soutenir. Sa réussite ne fut possible que grâce au soutien de millions d’anonymes, c’était et c’est encore une oeuvre collective. Waouh !!!

Je conclurais par un mot : respect.

 

 

Si cet article vous fait réfléchir ou vous encourage à passer à l’action, n’hésitez pas à me soutenir sur mon compte tipeee.

 

Références :

(1)

« Sylvie Laurent est une historienne et américaniste, chercheur associée à Harvard et Stanford, et elle enseigne à Sciences-Po l’histoire politique et littéraire des Africains-Américains, en tant que maître de conférence11. Selon La Procure, Sylvie Laurent est « l’une des spécialistes françaises de l’Amérique, mais d’une Amérique particulière, celle de la pauvreté, dans les différentes couches de la société, blanche ou noire ».

Elle a enseigné cinq ans dans un lycée de zone urbaine sensible dans l’Oise. »

Source Wiki

(2)

« Le Satyagraha (du sanskrit सत्याग्रह) ou « attachement ferme à la vérité », dit aussi « force de la vérité », est le principe de contestation et de résistance à l’oppression par la non-violence et la désobéissance civile que Mohandas Karamchand Gandhi a instauré.

Gandhi notait :« En appliquant le Satyagraha, j’ai découvert, dans les dernières manifestations, que la poursuite de la vérité n’admettait pas que la violence soit imposée à son opposant, mais qu’il doit être sevré de l’erreur par la patience et la sympathie. Pour ce faire, ce qui apparaît comme vrai pour un doit apparaître faux pour l’autre. Et la patience signifie souffrance personnelle. En bref, la doctrine signifie la revendication de la vérité, non par application de la souffrance sur l’adversaire mais sur soi. » »

Source Wiki

(3)

La tête dans ses mains affalé sur sa table il ressent :

“Il me semblait que je pouvais entendre l’assurance silencieuse d’une voix intérieure disant: «Martin Luther, lèves-toi pour la justice. Défends la justice. Défends la vérité. Et ainsi, je serai avec toi. Même jusqu’à la fin du monde ». «À ce moment, j’ai expérimenté la présence du Divin comme je ne l’avais jamais expérimenté auparavant. Presque aussitôt mes craintes ont commencé à disparaître. Mon incertitude a disparu. J’étais prêt à tout affronter. »

C’est incroyable de voir comment sa spiritualité fut le rempart à l’adversité qu’il a pu connaître et qui lui ont permis de continuer sa mission !

(4)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Rauschenbusch

(5)

« Ce n’est pas vraiment important ce qui arrive maintenant… Certains ont commencé à […] parler des menaces qui se profilaient. Qu’est-ce qui pourrait m’arriver de la part d’un de nos frères blancs malades… Comme tout le monde, j’aimerais vivre une longue vie. La longévité est importante mais je ne suis pas concerné par ça maintenant. Je veux juste accomplir la volonté de Dieu. Et il m’a autorisé à grimper sur la montagne ! Et j’ai regardé autour de moi, et j’ai vu la terre promise. Je n’irai peut-être pas là-bas avec vous. Mais je veux que vous sachiez ce soir, que nous, comme peuple, atteindrons la terre promise. Et je suis si heureux ce soir. Je n’ai aucune crainte. Je n’ai peur d’aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur ! »

Source Wiki

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